La muraille d’enceinte d’Entrevaux est ponctuée de trois portes, d’une portette, ainsi que de deux fortes tours bastionnées adaptées à l’artillerie. La porte principale est précédée d’un pont franchissant le Var et d’une avant-porte ou redoute.
Même s’il est établi qu’une muraille d’enceinte existait au XIV°siècle dont il ne reste plus trace visible, nous ne disposons pas en revanche d’informations précises relatives à l’édification d’une muraille défensive pour le village. Un dessin réalisé vers 1580-1590 par un espion-topographe à la solde des Etats savoyards montre sur le front sud/sud-est, non protégé par l’escarpement naturel, une muraille d’enceinte avec courtines et tours de flanquement, qui se prolonge vers le château, situé en contrehaut du bourg. A cette date, le village dispose de deux tours-portes sans pont-levis. L’introduction d’une nouvelle cathédrale vers 1624, intra muros, nécessita de repousser les limites de l’enceinte vers l’est, et entraîna l’édification d’une troisième tour-porte. L’évolution principale et l’impulsion décisive découle des travaux de renforcement et d’édification consécutifs à la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) qui opposa le duc de Savoie à la France. S’ensuivirent des travaux de renforcement selon les plans de l’ingénieur militaire Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, comme la réfection partielle du front sud de l’enceinte. Vauban, lors d’une tournée d’inspection dans les Alpes à l’automne 1692, rédigea un projet relatif aux fortifications d’Entrevaux, qui n’aboutit pas, hormis pour quelques réalisations, notamment le renforcement du front est, le plus exposé, insuffisamment défendu par les travaux relatifs aux recommandations de Niquet. Le séjour effectif de Vauban à l’automne 1700 s’avéra plus fructueux. Le second mémoire daté à Entrevaux du 5 novembre 1700 proposait en effet d’étoffer la défense par une muraille d’enceinte avec chemin de ronde, sur les fronts sud-ouest et ouest, agrémentée au-devant de la Porte de France, de l’autre côté du Var, d’un vaste ouvrage avec caserne destiné à protéger la ville par le devant, jamais réalisé. Le lieutenant général des fortifications préconisa également de mettre en place un bastion à usage de batterie d’artillerie hors-les-murs dans la pente, au nord. L’ensemble, accompagné d’une rampe d’accès au château, devait composer une véritable citadelle. Tout ne put être réalisé, et ce qui le fut ne suivit pas exactement les plans de Vauban. Ainsi la rampe d’accès au château ne fut-elle achevée qu’en 1746. En réalité le XVIII°siècle ne toucha pas au système défensif de façon notable. Les dépenses se limitèrent à des réparations jusqu’au début du XIX°siècle. La Restauration constitue l’ultime étape des aménagements militaires, sous la direction du capitaine du génie Brusco, dernier ingénieur royal en résidence à Entrevaux. On notera la réalisation de certaines préconisations de Vauban, comme l’achèvement de l’enceinte de la ville sur le front ouest/sud-ouest, la mise en place de traverses le long de la rampe d’accès au château à partir de 1829 ou encore la transformation de l’ancien hôtel des barons de Glandevèz en caserne. On n’observe ensuite plus de modifications d’importance. Le 10 août 1853 Entrevaux fut même déclassée en place de 2e série. En 1913 la caserne dite de Bois-Gérard fut agrandie, mais le départ du personnel militaire en 1922 puis le déclassement militaire de la place d’Entrevaux officialisé par décret du 30 novembre 1928 signifiait la fin d’une époque. Le 2 juillet 1930 la municipalité d’Entrevaux acheta à l’administration des domaines l’ensemble des anciens terrains, ouvrages et bâtiments militaires pour la somme de 41 616 francs. Il fut dès lors question de la protection de l’ensemble architectural : l’arrêté du 28 février 1944 confirma son classement au titre des Monuments Historiques. Il fallut pourtant attendre quarante ans avant que ne soient entrepris des travaux de restauration, sous la direction de l’architecte en chef des Monuments historiques Francesco Flavigny, pour le château et quelques éléments de l’enceinte comme la restauration de la Porte royale. Ils se poursuivent aujourd’hui.
source : Inventaire général du Patrimoine culturel Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
04320 Entrevaux-it